Events Du cristal !

   C’était une froide nuit d'automne, le vent soufflait dans les branches faisant chanter les feuilles mortes qui parfois se décrochaient pour finir leurs course tourbillonnante sur l'herbe humide de la forêt. La lune n'était qu'un fin croissant dans le ciel noir sans étoiles. Sa lumière d'argent éclairait à peine, et les rares rayons qui réussissaient à percer à travers l’épais feuillage des bois ne suffisait pas à voir devant soi. Pourtant, la bas, tout au fond de cette foret froide et lugubre, se trouvait quelqu'un qui semblait capter sa pâleur, elle semblait presque irréelle. Une fois, il lui avait dit qu'elle lui faisait penser à une fée, à ces esprits libres et chimérique.
   La jeune fille était assise nue pied sur un talus de feuilles aux milles et une couleurs de la saison. Elle était à peine couverte, une longue robe blanche d'un tissus fin presque transparent, avec des longues manches au grandes encolures, sur le devant le décolleté laissait apparaitre sa petite poitrine ferme. Le bas de la robe était maculé de boue, tout comme ses pieds. Sa longue chevelure rousse et ondulée flottait dans le vent. Elle semblait ailleurs, ses grand yeux violines fixaient quelques chose qu'elle tenait si fermement entre ses petites mains que ses jointures avaient blanchies.
   L'objet était un petit cristal bleu, maintenue par un cordon qui était à son cou, rien de bien étrange en somme après tout elle avait nombre de colifichets du même acabit. Mais celui ci avait un pouvoir spécial, qui lui meurtrissait l'âme sans qu'elle ne s'en rende compte. C'était comme une douce mélodie mélancolique qu'il lui susurrait doucement à l'oreille... Elle n'avait pas manger, ni dormit depuis qu'il était en sa possession. Les idées sombres avait peu à peu commencer à embrumé son esprit.
   Elle n'était pourtant pas de celles qui s’apitoyaient sur leurs sorts, elle avait tendance à ne pas suivre la "normalité", enfin c'est ce qu'on lui répétait quand elle était enfant. Parfois elle manquait d'empathie envers son prochain, parfois les sentiments étaient confus et semblait devenir un méli-mélo qui la dépassait et qu'elle préférait laisser de coté. Mais ce soir, et depuis qu'elle l'avait entre les mains, elle savait, tout était devenu clair.
   La vie n'était qu'une vaste fumisterie. Tous n’étaient que des profiteurs, des menteurs, des hypocrites, des voleurs, des violeurs, et tous essayaient de grappiller dans la fange ou ils se débattaient les miettes d'un autre, et pour les plus chanceux, ou plutôt les plus pourris, ils sortaient à peine la tête du purin dans lequel le monde était enlisé. De ce fait, rien n'avait vraiment de sens, les sentiments qu'elle avait cru éprouvé n’était sans doute qu'une farce que jouait un dieu quelconque. Il lui avait dit qu'il l'aimait, et elle lui avait dit qu'elle l'avait comprit mais maintenant elle comprenait la réalité des choses, il n'était qu'un de ces coureurs, et se cachait sous le masque de la relation communautaire. Rien de tout ceci avait un sens, plus elle y pensait et plus cela devenait clair, autant y mettre un terme.
   Elle berçait doucement le cristal le frottant contre sa joue tout en chantant d'une voix claire, un peu enfantine.
" À la ronde, jolie ronde,
Des bouquets plein la poche.
Cendres, cendres,
Nous tombons tous!"
https://www.youtube.com/watch?v=KKI2gOawEPA
   Soudain, une violente bourrasque la tire de sa rêverie, elle relève le nez, ses grosses lunettes luisent sous le rayon lunaire qui l’éclairait, elle plisse les yeux et se redresse. Fantomatique silhouette dans la nuit sombre qui s'avance doucement, sous ses pieds les feuilles craquent, le vent siffle en écho à sa petite mélodie.

   La vie n'avait aucun sens, elle savait ce qu'il lui restait à faire....